Stress des belges face à la société numérique

Question écrite posée le 24 octobre 2017 au Vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au développement, de l’Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste
Stress des Belges face à la société numérique.

« Monsieur le Ministre, 

Selon une enquête effectuée cet été par le Gezinsbond, la Ligue des familles et l’OKRA, un Belge sur cinq se sent perdu dans la société numérique. Selon cette enquête la fracture numérique scinde notre société en deux parties, les initiés et les analphabètes numériques. 33 % de la population s’oppose au traitement de dossiers en ligne et préfère garder l’administration papier suite à une perception d’insécurité. Si, comme le gouvernement fédéral le souhaite, le numérique doit devenir la norme d’interaction entre le citoyen et les administrations d’ici l’an 2020, cette étude interpelle. Ce stress face à la numérisation se retrouve dans beaucoup de catégories socioprofessionnelles y compris dans des secteurs dont le niveau d’éducation est relativement élevé par exemple dans le milieu médical qui peine à informatiser les dossiers médicaux ou qui refuse pour 40 % d’appliquer un programme d’e-santé. Cette étude montre clairement qu’un groupe important de notre société, 20 %, a déjà décroché face au numérique.
1. Nous sommes tous conscients que la poursuite de la numérisation est inéluctable, mais quelles sont les mesures que vous pouvez mettre rapidement en place afin de convaincre les sceptiques de la plus-value que représente la digitalisation?
2. Quel type de formation, rattrapage, helpdesk pouvez-vous mettre sur pied pour ne pas laisser ces 20 % de citoyens sur le bord de la route numérique?
3. Selon une majorité des participants à cette enquête, une connexion internet plus abordable inciterait à utiliser plus souvent les outils numériques. Avez-vous un levier pour agir sur le coût de ces connexions internet?« .

Le Ministre, dans sa réponse écrite, a précisé les éléments suivants:
« 1. Le baromètre de la société de l’information publié chaque année par le SPF Économie confirme le sentiment de fracture numérique constaté lors de l’enquête effectuée par le Gezinsbond, la Ligue des familles et l’OKRA. Je suis conscient de ce problème, c’est pour cette raison que mon administration travaille de concert avec la « Digital Champion » afin de développer les nouvelles compétences numériques. C’est d’ailleurs dans cette optique que la « Digital Champion » a mis sur pied une Alliance pour les compétences et les emplois du numérique en Belgique. Cette alliance nationale réunit les acteurs concernés des différents pouvoirs publics ainsi que du secteur privé et comporte une série d’initiatives, visant tous les citoyens, quels que soient leur âge et leur parcours, avec pour objectif d’améliorer leurs compétences dans le domaine du numérique. Cette Alliance a défini plusieurs actions spécifiques dédiées à différents moments de la vie. Parmi elles, j’épingle une action qui porte sur l’inclusion numérique des adultes en collaboration avec le Forem, le VDAB et Agoria. L’objectif de cette action est que 70 % des Belges sur le marché du travail aient la possibilité de suivre une formation dans le domaine du numérique afin qu’ils ne soient pas exclus et se sentent en confiance lorsqu’ils utilisent les outils technologiques. Tout le monde n’a pas les moyens, la chance, les aptitudes ou la confiance en soi pour s’initier aux nombreuses possibilités offertes par les nouvelles technologies numériques ou pour les utiliser pleinement. Au travers de mesures ciblées, les initiateurs de cette action veulent réduire la fracture numérique en veillant à ce que personne ne soit exclu. Une attention particulière est également portée à certains groupes cibles, comme les seniors, les moins nantis ou les personnes de langue étrangère. Parallèlement, mon administration travaille également sur un outil ludique et interactif afin de sensibiliser les citoyens sur l’importance d’acquérir des compétences numériques. L’objectif sera d’évaluer le degré de compréhension des compétences numériques et le cas échéant, d’inciter nos citoyens à améliorer leurs connaissances et à combler leurs lacunes. In fine, nous souhaitons qu’ils utilisent au mieux les outils informatiques et numériques tout en se sentant en confiance. Enfin, je me réfère au troisième Plan fédéral de lutte contre la pauvreté qui a été approuvé le 20 juillet 2016 par le Conseil des ministres, sur proposition de la secrétaire d’État à la Lutte contre la Pauvreté Elke Sleurs. Ce plan couvre la période 2016 à 2019 et il consacre une section visant à faciliter l’intégration numérique. Comme le mentionne la dix-neuvième action dudit plan, je vais envisager en 2017 et 2018 de nouvelles initiatives pour les pouvoirs publics avec l’aide des Communautés et de la société civile afin de faciliter et d’intensifier l’e-inclusion, tant en termes d’accessibilité, mais aussi en termes d’utilisation des technologies de l’information et de la communication au quotidien.
2. Afin de ne pas laisser les citoyens sur le bord de la route numérique, le gouvernement fédéral en partenariat avec la Fondation Roi Baudouin, a lancé cette année le « Digital skills Fund ». Ce fonds, doté de 18 millions d’euros, est mis en place pour une période de trois ans. Il subventionne les projets qui oeuvrent auprès d’enfants, de jeunes et de (jeunes) adultes socialement vulnérables dans le but de leur faire acquérir des aptitudes numériques par le biais d’initiatives de formation de courte ou moyenne durée, et ce afin qu’ils puissent accroître leurs chances d’inclusion sociale et d’indépendance économique. Ce fonds cible les organisations qui se concentrent sur l’inclusion numérique et/ou l’accompagnement de start-up dans le secteur des TIC et qui travaillent avec des groupes de personnes socialement vulnérables ou qui souhaitent développer leurs compétences numériques.
3. Le cadre réglementaire européen interdit en principe aux États membres de fixer les prix sur les marchés de détail, comme c’était le cas au temps du monopole. Les États membres se doivent par contre de mettre en place un environnement réglementaire favorable à l’existence d’une concurrence saine garantissant des prix abordables. Cet environnement réglementaire repose sur la régulation des marchés de gros (les opérateurs dominants sont obligés de partager leur réseau avec les nouveaux entrants). Proximus et les câblo-opérateurs belges sont ainsi obligés de donner accès à leur réseau à d’autres opérateurs, ce qui augmente la concurrence et le choix pour les consommateurs. Des initiatives complémentaires ont été prises en Belgique pour que les consommateurs bénéficient de meilleurs prix: un simulateur tarifaire et l’encouragement des consommateurs à comparer les offres, le droit de changer d’opérateur après seulement six mois, la procédure Easy Switch pour faciliter le changement d’opérateur. Dans un avenir proche, la transposition de la directive 2014/61/UE devrait également contribuer à réduire le coût de déploiement des réseaux de communications électroniques à très haut débit ».

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